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Les origines du rhums... Marie Angel vous développe tout sur le rhum. Vive l'alcool suisse, l'artisanat et les rhums arrangés

Les multiples facettes de l’origine du rhum

”Bienvenue dans cette aventure fantastique où le rhum devient le symbole de l’union des peuples et de la richesse d’une histoire qui transcende les époques. Embarquez pour un voyage au cœur de la Guadeloupe, une île enchanteresse aux mille saveurs. Vous explorerez les terres lointaines de la Papouasie-Nouvelle Guinée, vous découvrirez les trésors des Amériques et vous vous laisserez envoûter par la magie des Caraïbes, berceau du rhum.

Au fil de ce voyage, chaque gorgée de rhum vous racontera une histoire. Celle de la canne à sucre, originaire d’Océanie, apportée aux Amériques par les Espagnols, qui a ensuite trouvé sa terre de prédilection dans les Caraïbes. Une histoire de distillation perfectionnée par les Anglais, qui ont su donner au rhum toute sa profondeur et sa complexité aromatique.”

 

L’importance des puissances coloniales:

Le rhum est une eau-de-vie originaire des Caraïbes, produite soit par distillation de sous-produits fermentés de l’industrie sucrière ou mélasse : le rhum industriel ou traditionnel, soit à partir du jus de canne à sucre fermenté : le rhum agricole. Il est consommé blanc, vieilli en fût (rhum vieux) ou épicé ; il prend alors une coloration ambrée plus ou moins foncée.

La canne à sucre, ingrédient essentiel dans la production de rhum, est originaire d’Océanie en Papouasie-Nouvelle Guinée. Elle a été répandue par les Arabes au VIIIe siècle et introduite aux Amériques par les Espagnols en 1493 lors du second voyage de Christophe Colomb. Cependant, la première mention écrite de l’existence du rhum provient de l’île anglophone de la Barbade, en 1651.

Les Britanniques ont colonisé la Barbade en 1627 et y ont commencé à cultiver la canne à sucre en 1630. C’est à ce moment-là que le travail de distillerie commence, pour produire le premier rhum de qualité en 1703 dans la plus vieille distillerie du monde encore en activité, la Mount Gay Distillery.

Par la suite, la production de rhum s’est étendue à d’autres îles des Caraïbes, telles que la Martinique, où la production de rhum agricole est devenue une véritable institution. La production de rhum est devenue un élément clé de l’économie de la région, fournissant des emplois et générant des revenus.

Cependant, il est important de souligner que la production de rhum était étroitement liée à l’esclavage dans les colonies des Caraïbes. Les plantations de canne à sucre étaient exploitées par des esclaves africains importés en grand nombre pour travailler dans des conditions épouvantables. Bien que cela ne soit pas une partie agréable de l’histoire, il est important de se souvenir de cette réalité en même temps que nous célébrons la richesse et la complexité de la culture du rhum dans les Caraïbes.

Les trois grands colonisateurs européens, à savoir l’Espagne, la France et la Grande-Bretagne, ont tous eu une influence significative sur la production de rhum dans les pays qu’ils ont colonisés. Chacun avait ses propres méthodes de production et préférences gustatives, qui ont été transmises aux producteurs locaux.

En ce qui concerne le rhum espagnol, ou “ron”, il est produit dans des alambics à colonne et a tendance à être doux et suave, avec des notes rappelant l’univers du xérès. Les pays concernés comprennent Cuba, Puerto Rico, la République dominicaine, le Venezuela, le Nicaragua, la Colombie et le Guatemala.

Le rhum français, quant à lui, est produit dans les DOM-TOM et peut être classé en deux familles: le rhum agricole et le rhum industriel. Le rhum agricole est produit à partir de jus de canne à sucre frais plutôt que de mélasse, ce qui lui donne une saveur plus herbacée et un goût plus sec que le rhum industriel. Les pays concernés comprennent la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, l’Île de la Réunion et les Antilles françaises.

 

L’influence de l’Angleterre:

Au XVIIIe siècle, le rhum est devenu populaire en Angleterre pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les Anglais étaient de grands consommateurs de vin et de brandy, qu’ils devaient importer d’Espagne et de France, leurs pays ennemis, en payant le prix fort. Le rhum est alors apparu comme une alternative locale et économique, que les Anglais ont rapidement promue dans tous les foyers.

Ensuite, la Grande-Bretagne était la plus grande puissance navale du monde à l’époque, avec une flotte importante qui parcourait les mers du globe. Les marins britanniques étaient donc en contact avec le rhum et ont contribué à sa popularité. Le rhum était même utilisé comme ration quotidienne pour les équipages, car il se conservait mieux que le vin et avait une teneur en alcool plus élevée, permettant de le diluer dans l’eau pour éviter les contaminations.

Enfin, l’Angleterre a rapidement développé une industrie de la distillation du rhum, en utilisant des méthodes plus efficaces que celles des Espagnols et des Français. Les distillateurs anglais ont perfectionné la méthode de distillation en alambic à repasse en cuivre, qui donne au rhum sa robe sombre et sa forte concentration aromatique. Ils ont également développé des techniques de vieillissement en fûts de chêne pour donner au rhum des notes boisées et épicées.

Ainsi, l’influence des Anglais sur la production de rhum est indéniable. Leur savoir-faire a permis de faire du rhum une boisson emblématique de la culture caribéenne. La prohibition du commerce triangulaire et le monopole commercial britannique sur les îles des Caraïbes ont également joué un rôle dans le développement de la production locale de rhum par les producteurs britanniques.

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Photo de David Dibert sur Unsplash

 

De l’eau salée au rhum salé : l’histoire corsée de la boisson préférée des pirates:

”La « fontaine de rhum » : Une légende raconte qu’il existait une île secrète dans les Caraïbes où coulait une source de rhum en continu. Les pirates auraient cherché cette île pendant des années, convaincus qu’elle détenait le secret de l’éternelle jeunesse et de l’immortalité.”

Le rhum a été utilisé comme monnaie d’échange entre les pirates, dès le XVIIe siècle, période de l’âge d’or de la piraterie. À cette époque, les pirates échangeaient du rhum contre des marchandises, des armes et même des prisonniers. Les pirates étaient souvent rémunérés en rhum par leurs commanditaires, pour les encourager à mener des attaques plus audacieuses. Cette pratique a contribué à renforcer l’image du pirate comme un buveur de rhum invétéré, prêt à tout pour obtenir sa dose quotidienne de cette boisson enivrante.

Aujourd’hui, le rhum continue de symboliser l’histoire des pirates et de la piraterie, qui s’est développée du XVIIe siècle jusqu’au début du XIXe siècle. Le rhum est toujours considéré comme une boisson emblématique des Caraïbes, où la production a débuté dès le XVIIe siècle. Bien que la réalité de la vie des pirates soit bien différente de l’image romantique qu’on en a souvent, le rhum continue de symboliser leur soif d’aventure, de liberté et de plaisirs simples.

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Photo de Sesha Reddy Kovvuri sur Unsplash

 

Jean-Baptiste Labat et l’évolution de la distillation du rhum:

Jean-Baptiste Labat était un missionnaire dominicain français du XVIIe siècle, né en 1663. Il est surtout connu pour ses contributions à l’amélioration du processus de production du rhum et pour ses écrits sur les Antilles françaises, notamment la Guadeloupe, où il a vécu pendant de nombreuses années en tant que missionnaire.

Il a publié plusieurs ouvrages, dont “Nouveau voyage aux isles de l’Amérique” en 1722, dans lequel il décrit la faune, la flore et les modes de vie des Antilles, ainsi que ses expériences en tant que missionnaire. Il a également écrit sur l’agriculture, la botanique et la médecine, et a contribué à la diffusion des connaissances sur les cultures et les pratiques agricoles des Antilles.

Jean-Baptiste Labat a joué un rôle crucial dans l’amélioration du processus de distillation du rhum. Il a notamment conçu des alambics plus performants et développé des techniques novatrices pour la fermentation de la mélasse, ingrédient essentiel du rhum. En expérimentant avec différentes méthodes de vieillissement en fûts de chêne, il a également créé de nouvelles saveurs et arômes qui ont contribué à la renommée mondiale de cette boisson.

Labat était également un fervent partisan de l’utilisation du rhum comme médicament pour soigner la fièvre, et a écrit sur les effets de l’alcool sur la santé et la société, soulignant la nécessité de consommer avec modération.

Cependant, il est important de souligner que Labat était également favorable à la traite des esclaves, ce qui a suscité des critiques de certains de ses contemporains. Dans ses écrits, il a justifié l’esclavage en affirmant qu’il permettait aux Africains d’être “civilisés” par les Européens. De plus, il a lui-même été impliqué dans l’achat et la vente d’esclaves. Bien que controversée, la contribution de Labat à l’industrie du rhum et à la compréhension de la culture antillaise reste importante dans l’histoire des Antilles.

 

Tout moun ni menm valè,  Nous sommes tous un
Tout moun ni menm nivo, Nous sommes tous égaux
Tout moun té ka kriyé pou travay ansanm, Nous avons tous été créés pour travailler ensemble
Epi tout moun té ka kriyé pou ansanm, Et nous avons tous été créés pour être unis…

 

Du sucre au rhum : l’histoire sombre de l’esclavage dans les plantations

Au 16ème siècle, les colons européens installés en Amérique avaient un besoin crucial de main-d’œuvre pour cultiver leurs plantations, principalement de sucre. C’est ainsi que le commerce des esclaves africains a commencé à prendre de l’ampleur. Le « commerce triangulaire » s’est alors développé, voyant des navires partir d’Europe pour se rendre en Afrique où ils échangeaient des marchandises contre des esclaves. Les navires prenaient ensuite la direction de l’Amérique où les esclaves étaient revendus aux propriétaires de plantations. Enfin, les navires retournaient en Europe, chargés de produits tels que le sucre, le coton et le tabac.

Le rhum, au départ considéré comme un sous-produit de la production de sucre de canne, était principalement consommé par les esclaves ou utilisé comme monnaie d’échange en Afrique pour l’achat d’esclaves.

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Photo de British Library sur Unsplash

 

Au fil des siècles, le commerce des esclaves a été une activité dévastatrice qui a entraîné des souffrances et des atrocités inimaginables pour des millions d’Africains. Malgré cela, la pratique a continué à s’intensifier jusqu’au 19ème siècle, lorsque l’abolition de l’esclavage a finalement été proclamée. Toutefois, même après cette proclamation, les propriétaires de plantations ont eu du mal à changer leur mentalité et à considérer les anciens esclaves et leurs descendants comme des êtres humains à part entière, entraînant des décennies de lutte pour obtenir des droits égaux.

En France, l’abolition de l’esclavage est intervenue le 27 mai 1848, sous la présidence de Louis-Napoléon Bonaparte, marquant ainsi la fin de la pratique de l’esclavage dans toutes les colonies françaises. Cette date est un symbole important de la lutte contre l’oppression et l’injustice, mais il reste encore du travail à faire pour éliminer les discriminations et les préjugés liés à l’histoire de l’esclavage.
En Espagne, la traite des esclaves a été abolie en 1817, tandis qu’en Angleterre, l’esclavage a été aboli en 1833 et la traite des esclaves en 1807. Aux États-Unis, l’abolition de l’esclavage a été décrétée en 1865 avec l’adoption du XIIIe amendement à la Constitution après la fin de la guerre civile

 

La Guadeloupe, le rhum, une histoire, un héritage:

Le rhum, témoin douloureux d’un passé sombre, est désormais un symbole de transition et de valeurs profondes, célébrant la fraternité, la résilience, l’ouverture d’esprit et le respect des traditions. Bien que le passé ne puisse être ignoré, le rhum a su se réinventer et transformer son image en une boisson de convivialité et de partage, symbole de la culture antillaise et de la joie de vivre. Le rhum guadeloupéen a une longue histoire qui remonte à l’époque de la colonisation des Antilles par les Européens. L’île de la Guadeloupe, située dans les Caraïbes, était l’une des principales destinations des colons français au XVIIe siècle. Ces colons ont apporté avec eux la canne à sucre, qui est la matière première utilisée pour produire le rhum.

Au fil du temps, l’industrie du rhum s’est développée en Guadeloupe, avec de nombreuses plantations de canne à sucre qui ont été établies. Les colons ont commencé à distiller le jus de canne à sucre pour en faire du rhum, qui est rapidement devenu une boisson populaire dans la région. Au départ, la production de rhum était plutôt artisanale, réalisée dans de petits alambics sur les plantations.

Au XIXe siècle, l’industrie du rhum en Guadeloupe a connu une transformation majeure avec l’introduction de colonnes de distillation en cuivre. Cela a permis une production plus efficace et une meilleure qualité de rhum. Les distilleries guadeloupéennes ont commencé à gagner en renommée, exportant leur rhum dans d’autres parties du monde.

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Aujourd’hui, la Guadeloupe compte plusieurs distilleries renommées produisant du rhum de haute qualité. Certaines des marques de rhum les plus connues de la Guadeloupe incluent Damoiseau, Karukera, Bologne et Bellevue. Chaque distillerie a ses propres méthodes de production et ses caractéristiques distinctes, ce qui donne une grande diversité de rhums guadeloupéens sur le marché.

  • Distillerie Damoiseau : Située au Moule, la distillerie Damoiseau est l’une des plus anciennes de la Guadeloupe, fondée en 1942. Elle produit du rhum agricole de haute qualité à partir de sa propre canne à sucre cultivée localement.
  • Distillerie Karukera : Également située au Moule, la distillerie Karukera est connue pour son engagement en faveur de la production de rhum biologique. Elle utilise des méthodes traditionnelles de distillation et met l’accent sur la préservation de l’environnement.
  • Distillerie Bologne : Établie à Basse-Terre, la distillerie Bologne bénéficie d’une longue histoire remontant à 1893. Elle produit du rhum agricole en utilisant des techniques de distillation traditionnelles et est reconnue pour sa production de rhums de qualité supérieure.
  • Distillerie Bellevue : Située à Marie-Galante, une île voisine de la Guadeloupe, la distillerie Bellevue est spécialisée dans la production de rhum agricole. Elle utilise des méthodes traditionnelles de fermentation et de distillation pour créer des rhums aux arômes et aux saveurs uniques.

Ces distilleries sont parmi les plus réputées en Guadeloupe, mais il existe également d’autres distilleries plus petites qui méritent d’être mentionnées, telles que la distillerie Longueteau, la distillerie Montebello et la distillerie Bielle. Chacune de ces distilleries contribue à la diversité et à la renommée du rhum guadeloupéen sur la scène internationale.

Le rhum guadeloupéen est apprécié pour sa complexité, sa richesse aromatique et sa variété de saveurs. Il existe différents types de rhum, tels que le rhum blanc agricole, qui est produit à partir de jus de canne frais, et le rhum vieux, qui est vieilli en fûts de chêne pendant plusieurs années pour développer des arômes et une douceur supplémentaires.

Avec son histoire riche et sa réputation bien établie, le rhum guadeloupéen continue d’être un symbole de l’héritage culturel de l’île et une fierté pour ses habitants. Il est également très apprécié des amateurs de rhum du monde entier, qui recherchent l’authenticité et la qualité dans cette boisson ensoleillée des Caraïbes.

Il y a plusieurs dates importantes dans l’histoire du rhum en Guadeloupe. Voici quelques-unes des plus significatives :

  •  1643 : La canne à sucre est introduite en Guadeloupe par les colons français, marquant le début de la culture de la canne à sucre dans l’île.
  • 1850 : L’introduction des colonnes de distillation en cuivre révolutionne l’industrie du rhum en Guadeloupe, permettant une production plus efficace et une meilleure qualité de rhum.
  • 1930 : La création du label AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) pour le rhum agricole de la Martinique et de la Guadeloupe. Cette appellation garantit l’origine géographique et les méthodes de production spécifiques du rhum agricole dans ces régions.
  • 1975 : La création du label AOC pour le rhum vieux de la Guadeloupe. Cela permet de valoriser les rhums vieillis en fûts de chêne et de les distinguer des autres types de rhum.

De nos jours, les distilleries guadeloupéennes continuent d’innover et de produire des rhums de haute qualité. Le rhum de la Guadeloupe est apprécié dans le monde entier et participe à la renommée de l’île en tant que producteur de rhum de premier   plan.

Ces dates clés témoignent de l’évolution de l’industrie du rhum en Guadeloupe, de son héritage culturel et de sa place prépondérante dans la production de rhum des Caraïbes.

Avec sa notoriété mondiale qui ne cesse de grandir, le rhum est devenu un symbole de l’héritage culturel des Antilles, mais aussi de la gastronomie et du savoir-faire. Les rhums XO et hors d’âge rivalisent désormais avec les plus grands spiritueux, témoignant de la reconnaissance de cette boisson auprès des connaisseurs.

En fin de compte, le rhum est devenu bien plus qu’une simple boisson alcoolisée, il est le reflet d’une culture, d’une histoire, d’un héritage qui continue d’être transmis de génération en génération. Le rhum est un symbole de fraternité et d’échange, qui unit les gens autour d’une même passion.

 

 

 

 

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